
Deux hermines blanches dansent dans le ciel noir de la nuit. Leurs queues de lumière tourbillonnent et s’entortillent l’une dans l’autre.
Elles plongent et sautent au dessus du lac en parallèle, comme sur un grand miroir.
Dans les joncs qui bordent l’étendue d’eau, deux ronds parfaits attrapent la blancheur de la lune et la renvoie comme des diamants sur les danseurs dans l’eau. Mais les herbes épaisses ont tôt fait de les trancher puis disparaître. Le chat noir s’en va silencieusement, il a autre choses à faire.
L’hermine qui était dans l’eau troue la surface plane et ressort scintillante de gouttelettes. La deuxième se calme et s’approche doucement. Elle lape les perles qui roulent sur les poils blancs de sa moitié, et toutes les deux s’élèvent dans les airs.
Les étoiles brillent plus fort, aveugles les éventuels témoins puis s’éteignent. Entre les deux sphères blanches de la lune et de son reflet sur le lac, les esprits ont changés. Deux éphèbes se regardent maintenant, planant tranquillement comme deux oiseaux. La blancheur des volutes de soie qui les entoure rivalise avec la paleur de leur peau.
L’un deux penche la tête, et ses doigts dansent dans l’air pour aller effleurer comme les ailes d’un papillon la douceur de la peau ivoire de l’autre.
Le deuxième emet une sorte de gloussement qui vribe et éclate comme une bulle de savon dans l’air entre eux. Il glisse furtivement ses deux mains entre les fils de soie des cheveux de son double, puis s’envole sans un bruit au-dessus de lui.
Ils virevoltent un instant, gracieux, complémentaires, puis se posent à l’abri du feuillage d’un saule pleureur, alors qu’une brise chaude leurs en écartent les branches. La mousse et les plumes blanches sur le sol les caressent agréablement. Leurs mains se cherchent et se joignent, leurs corps se rapprochent l’un de l’autre.
Le souffle du vent cesse peu à peu tandis que le leurs augmente. Le rideau de feuilles se referme sur les deux amants irréels.
La lune scelle l’écrin végétal de reflets argentés et les étoiles détournent le regard.
3 commentaires:
Eiw c'est magnifique.
Très fin et harmonieux...
... rien à dire, je pleure, je sens en moi une femme qui crie, c'est trop...ahhhh. mdr, non les conneries mise à part c'est super, l'illustre et le titres se suffisent déjà a eux-même.
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